Des protections individuelles apparaissent dans Varesnes. Elles sont plutôt rares car coûteuses. Les résultats ne sont en outre pas forcément garantis.
Alors que les basses terres sont complètement submergées, qu’il pleut encore et que les prévisions de la météo et de Vigicrues ne sont pas des plus optimistes, des Varesnois ont fait le choix de se protéger individuellement dès lors qu’il leur était techniquement et financièrement possible de le faire.
En effet pour diverses raisons, toutes les habitations ne sont pas protégeables. En cause par exemple : la hauteur d’eau ; les matériaux et l’état des constructions ; le coût qui peut vite devenir prohibitif ; des aménagements peu esthétiques ; une dépendance contiguë non étanche qui ne doit pas être protégée etc…
En effet, seules les pièces d’habitations peuvent être soustraites au champ naturel d’expansion des crues. Garages, annexes, appentis doivent rester inondables. Un tel concept indigne profondément les villageois qui étaient auparavant protégés par la digue-sud. L’Etat a fait araser totalement et prématurément cet ouvrage, livrant le village aux caprices de la rivière le temps qu’un pont de décharge soit construit (probablement en 2017). Il convient d’ajouter que ce nouvel ouvrage ne compensera pas la perte de la digue-sud, ce qui fait hurler de colère et de dépit les habitants.
Certains propriétaires (une vingtaine de maison) peuvent être aidés dans leurs travaux alors que d’autres doivent les prendre totalement en charge. Nouvelle source d’indignation.
Sur cette photo, nous voyons un batardeau composé de 3 lames d’aluminium mis en place. L’ensemble conçu par ESTHI est entouré de joints d’étanchéité. Celui du bas est comprimé à l’aide d’un système vis-écrou monté sur un étrier. C’est cette société qui a réalisé le batardeau communal à mettre en place, sur un plateau, à l’entrée EST du village, sur la rd87, opération très largement subventionnée mais interdite d’utilisation par l’administration préfectorale dès la fin des travaux. Une directive incongrue.
Notons aussi que lors d’une séance au tribunal administratif d’Amiens, la représentante du préfet, probablement dépourvue d’arguments face aux solutions avancées par Varesnes, a arguée que cette installation ne pouvait être reconnue comme efficace (donc validée) puisque ce fabricant n’était pas sur la liste des fabricants-installateurs accrédités par l’Etat. Une parfaite mauvaise fois pour faire disparaître la digue-sud à tout prix.
En aparté : Vous pouvez retrouver cet épisode de l’historique des protections de Varesnes sur le journal communal d’époque, LE VARESNOIS, N° 107. Ce journal n’a pas disparu des radars. Vous pouvez le consulter en tapant sur votre moteur de recherche (google par exemple) Varesnois 107 (procédure valable pour d’autres numéros) et vous arriverez sur calameo.com, hébergeur. Merci Bruno. Déjà dans ce N°107, la volonté de résister aux injonctions de l’Etat jacobin était clairement affichée.
Sur cette façade, nous voyons le passage protégé contre les entrées d’eau et ceux qui sont laissés à l’inondation. Une maison peut ainsi se retrouver entourée d’eau sans que celle-ci y entre. Cela suppose cependant que l’eau ne trouve aucun interstice, fissure ou matériau poreux. Dans le cas contraire, il faut avoir recours au vide-cave si le courant n’est pas coupé. Attention toutefois à la pression exercée par l’eau sur les murs et par le sol. Un adage local pertinent dit : « parfois, i vaut mieux laisser s’l infant morveux plutôt que d’yarracher sin nez ! » Grande sagesse. Outre de respecter ces règles, il faut que cette satanée eau ne reste pas trop longtemps car par capillarité… Là, c’est peut être beaucoup demandé. Ce sont ces derniers points qui ont principalement découragé des propriétaires éligibles aux subventions (40% seulement sur le dispositif). En effet, parfois, les travaux annexes nécessaires prenaient une telle ampleur qu’ils en devenaient décourageants. En outre, la garantie de résultat n’était pas assurée. Selon un témoignage recueilli, seuls 2 propriétaires se seraient finalement fait connaître pour bénéficier des aides.
C’est là toute l’ambiguïté et le cynisme de la situation. On supprime, sous des prétextes parfois fallacieux, sans entendre l’argumentaire contradictoire ou les propositions faites, une digue qui protégeait tout le village et on laisse les habitants se débrouiller avec leur problème et de coûteuses solutions. Au passage bien sûr, l’Etat empoche la TVA.
L’Aisne-Nouvelle dans son édition du mardi 21/02/16 publiait un article relatant un programme de plus de 2 millions d’euros lancé pour réduire drastiquement les crues sur la région de Chauny (SIVOM). Aucune comparaison avec le mégotage local sur le subventionnement des protections individuelles aux particuliers lésés par l’indécent arasement contraint de la digue-sud. Si des maisons étaient inondées, Varesnes serait ainsi punie d’avoir voulu jouer à l’empower village (voir billet précédent). Pour sûr que les Varesnois ne courberaient pas l’échine !
N’oubliez pas : le vendredi 11 mars, 20h30 en mairie, Assemblée Générale de Varesnausec.
S. Bulcourt, président.